La France fait profil bas .

Alors que cet Autriche-France devait lancer idéalement les Bleus sur le chemin de la qualification pour le Mondial 2010, des errements défensifs difficilement excusables ont causé la défaite des Tricolores ce samedi à Vienne (3-1). Deux coups de pied arrêtés et un penalty à un quart d'heure de la fin ont eu raison des Français qui ont espéré un temps avec la réduction du score de Govou. Le match contre la Serbie, mercredi au Stade de France, sent déjà la poudre.

Les Bleus ont vécu un cauchemar à Vienne (Reuters).Au moment du tirage au sort des qualifications du Mondial 2010, pas grand monde en France, pour ne pas dire personne, n'avait imaginé que l'Autriche puisse faire des misères aux Bleus. C'est pourtant ce qui s'est produit samedi à Vienne, théâtre de la finale du dernier Euro. Un championnat d'Europe que les Autrichiens, justement, avaient raté, au même titre que les autres co-organisateurs, les Suisses. Raison de plus, même si les hommes de Domenech n'ont pas franchi non plus le 1er tour en juin dernier, pour aborder ce premier rendez-vous vers l'Afrique du Sud avec confiance. D'autant que Thierry Henry et les siens restaient sur une victoire en Suède (3-2) plutôt encourageante.

Dans cette atmosphère de relative sérénité, les Bleus étaient évidemment prévenus de l'importance de ce premier match et de l'idée que la supposée faiblesse de leur adversaire devait être totalement oubliée. Domenech et son staff avaient également envisagé que l'Autriche de Karel Bruckner miserait sur sa puissance physique pour déstabiliser le bloc tricolore. Malgré tout cela, le plan du sorcier tchèque a parfaitement fonctionné comme sur un tableau noir. Le début de la partie dessinait clairement les intentions autrichiennes. Les protégés de Bruckner laissaient l'initiative du jeu aux Français pour mieux les contrer. L'ex-sélectionneur de la République tchèque comptait aussi profiter à fond des coups de pied arrêtés, un secteur dans lequel les Tricolores ont rarement démontré une totale sérénité ces dernières années.

Des buts jumeaux

Hélas pour Thierry Henry et ses camarades, cette constante "made in France" est cruellement ressortie en pleine lumière des projecteurs du Ernst-Happel Stadion. Dès la 8e minute, sur le premier coup franc en faveur des Autrichiens, la patte du capitaine Ivanschitz atterrissait dans la surface et trouvait le genou du géant Janko (1,96 m) bien que son bras fut retenu par Philippe Mexès (1-0). Peu de temps avant la pause, rebelote avec le break réalisé dans des conditions quasi similaires. Le pied gauche d'Ivanschitz profitait cette fois-ci à Aufhaser, le coéquipier de Janko à Salzbourg (2-0, 41e).

Avant cela, les hommes de Raymond Domenech étaient apparus comme impuissants et en manque d'imagination. Le centre d'Evra de la 16e minute, contré par Prödl, trouva tout de même la transversale de Manninger avant que Thierry Henry s'essaie en solo, voyant son tir du droit passer à moins d'un mètre du poteau droit du remplaçant de Buffon à la Juventus Turin (29e). L'attaquant du Barça aura encore l'occasion de tromper son ancien coéquipier à Arsenal sur un centre de Karim Benzema mais là aussi, sa reprise manqua singulièrement de tranchant (45+1), à l'image d'un dernier tir qui ressemblait trop à une passe assurée du plat du pied (45+3)

Au retour des vestiaires, Domenech décidait de conserver le même onze et voyait son équipe ajouter enfin un peu plus de mordant et surtout plus de vitesse dans son jeu. Benzema allumait la première mèche avec une frappe puissante du droit qui obligeait Manninger à s'employer (50e). Le nouvel état d'esprit des Tricolores était récompensé à l'heure de jeu, grâce à cette reprise de Govou dans la surface reprenant un centre de Patrice Evra, décalé par Nasri (2-1, 61e). Le Lyonnais inscrivait là son troisième but en deux matches après le doublé réalisé en Suède.

France-Serbie sous haute pression

Dès lors, l'Autriche retrouvait à peu de choses près son niveau de l'Euro, à savoir une formation largement à la portée des Bleus. Et voilà les Français qui occupaient généreusement les 30 derniers mètres adverses, accumulant les centres et les corners. Pour la première fois de la partie, l'Autriche apparaissait nettement friable. Dans ce contexte et avec une bonne demi-heure à jouer, il n'y avait plus de doute, l'équipe de France ne pouvait que marquer. Toulalan était tout proche de l'égalisation sur une merveille de frappe tout aussi somptueuse que la parade du gardien autrichien, qui empêchait le ballon de finir sa course en lucarne (65e).

Raymond Domenech en rajoutait une couche en faisant entrer Gourcuff à la place de Sagna (71e). Une option offensive brutalement réduite à néant avec une nouvelle erreur de son arrière-garde, Philippe Mexès se prenant hélas pour Steeve Guenot. Sur le corner qui suivait l'apparition de Gourcuff, le défenseur de l'AS Roma imitait donc le champion olympique de lutte gréco-romaine en mettant à terre Janko.

Le penalty transformé par Ivanschitz (3-1, 72e) scellait la victoire surprise des Autrichiens qui ont certainement retenu des leçons de leur Euro. Ce qui n'est pas encore le cas, visiblement, des Tricolores, défaits par la Wunderteam pour la première fois depuis le 7 octobre 1970. Mercredi soir au Stade de France, contre la Serbie, les Bleus et Raymond Domenech devront démontrer qu'ils ont du caractère. Car un autre résultat qu'une victoire entraînerait certainement une crise profonde dans la maison bleue.